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Les conceptions de la restauration-conservation

Dès le XIXème siècle, la question de la conservation restauration se pose
Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879) entend retrouver l’unité stylistique d’un monument, il considère que «Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné».

Viollet-le-Duc tend donc à un idéal, mais ses détracteurs, Ruskin et Morris insistent sur le respect des marques du temps qui font parties intégrantes de l’histoire d’un objet, d’une oeuvre.

Restauration des hourds de la Cité de Carcassonne par Viollet-le-Duc

Selon Camillo Boito, dans Conserver ou restaurer, les dilemmes du patrimoine (1893), la restauration sera légitime tant qu’elle ne se fait pas passer pour l’original. La restauration, qui doit être nécessaire et juste, se donnera donc à voir au moyens des couleurs, textures, matériaux différents pour éviter les confusions avec l’original.
Alois Riegl, en 1903, établit deux types de valeurs à respecter dans la restauration. Des valeurs de mémoire comprenant la valeur d’ancienneté et historique  où l’inaltérabilité prime et l’intervention ne sert qu’a ralentir la destruction.
Le deuxième type comprend les valeurs d’actualité (utilitaire, de nouveauté et d’art relative) que chaque oeuvre possède à proportions variables. Un objet trop restauré perdra son aspect ancien qui lui donne sa spécificité.

Dans La Théorie de la restauration en 1963, Cesare Brandi s’appuie sur ses prédécesseurs et définit comme but de la restauration le rétablissement de l’unité potentielle de l’oeuvre. Il affirme qu’une lacune restaurée ne doit pas se faire passer pour authentique et que les altérations du temps, qui sont porteuses de sens, ne doivent pas être restaurées. Par exemple, une patine doit être conservée. Elle atteste en effet d’une ancienneté qui serait éliminée si on venait à la retirer.
Il expose le conflit apporté par la demande esthétique qui fait des ajouts, bien que justifiés car faisant partie de l’histoire de l’objet,  des éléments qui empêchent de retrouver son unité potentielle. Il conseille donc de réfléchir la démarche de restauration afin de concilier ces deux aspects.

Afin de réglementer la restauration, la « Charte Internationale sur la conservation et la restauration », dite Charte de Venise a été adoptée en 1964. Elle codifie les devoirs des restaurateurs et leur donne des instructions pour préserver la lisibilité des interventions historiques successives. Chaque restaurateur doit veiller à ce que ces interventions n’altèrent  ni l’ordonnance ni le décor des objets ; chaque nouvelle intervention doit être réversible et détectable. La charte demande l’utilisation de techniques et matériaux traditionnels.

Chaque objet étant un cas particulier, il n’existe pas de doctrine générale pour la démarche de restauration à appliquer. Il est normal que le débat sur cette question reste ouvert. Il reste toujours des détracteurs qui condamnent toute forme de restauration annonçant que toucher à une oeuvre n’est pas défendable. Ou encore soulevant le problème des restaurations abusives défigurant les objets.
Dans toute restauration la démarche de conservation peut se justifier.
 

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